Expositions d’art et d’architecture - Expositions

1/ Projet 1 – dessins, 1984, expositions à Milan, Paris, Naples, Rome, Prague, Bratislava

Lorsque j’ai été convié à l’automne 1983 à participer à l’exposition ambulante des ‘Cafés littéraires’, les souvenirs de ce qu’était alors la vie littéraire à Prague des années 1970 contenaient encore toute leur fraîcheur. Je savais que la vie littéraire authentique empruntait depuis le début de la normalisation des voies souterraines et qu’un café littéraire, lieu public par excellence, a déménagé en appartements privés bondés d’écrivains contestataires qui , dans ces réunions périodiques tenues secrètes et dans l’impossibilité de publier librement s’échangeaient, le temps d’un exposé, les points de vue sur les sujets traités. Cela dans le but d’une continuité de réflexion nécessaire pour vaincre la lente mais implacable progression d’amnésie collective se manifestant surtout dans les domaines culturels de la vie publique.

En me rappelant d’un poème d’Apollinaire où pendant un court laps de temps les morts reviennent sur terre pour partager quelque joie avec les vivants dans une atmosphère de paix douce, j’ai utilisé ce thème d’entrevue précaire mais le chargeant d’un propos plus grave voire messianique : dans un lieu praguois non déterminé, souterrain et secret, les fantômes des écrivains morts remontent pour dialoguer avec leurs confrères d’aujourd’hui déambulant sans repères dans l’hostilité débilitante de l’époque.

2/ Projet 2 – installation pour la galerie Maeght à la Bibliothèque municipale de Montrouge, 1989

Six ans plus tard, lors de l’exposition organisée par Maeght à la Bibliothèque municipale de Montrouge, j’ai préféré d’enlever cette composante pathétique afin de ne me consacrer, tout en gardant la trame du propos, qu’à signifier l’essentiel : le passage, l’échange de la parole dans un contexte de questionnement permanent. En résulte une sorte de confessionnal constitué de deux glaces collées dos à dos et percées ensemble à la hauteur des lèvres en plusieurs cercles concentriques. Cette unité est enchâssée dans une table carrée de la même largeur que les glaces provenant du Café de Flore. Seule la parole franchit le miroir, l’image se réfléchit pour être renvoyée aussitôt à son expéditeur. Le dialogue instauré prend alors l’allure d’un terrible monologue, d’une confrontation douloureuse avec soi-même. J’ai appelé cette installation ‘Confessionnal cruel / Eloge de la parole’.